La méditation des Beatles et des célébrités
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On part tous en Inde pour quelques mois afin d’étudier correctement la Méditation Transcendantale. On veut l'étudier comme il faut afin de pouvoir la propager et vendre l'idée à tout le monde. C'est de cette façon que nous voulons désormais utiliser notre pouvoir (on a toujours prétendu qu'on était des guides pour la jeunesse) alors c’est une bonne façon de montrer le chemin. - JOHN

The Beatles Anthology p281 - Arrivée en Inde

GEORGE : JE PENSE QUE J'AI D'ORES ET DÉJÀ PROLONGÉ MA VIE DE VINGT ANNÉES. JE CROIS QUE, LÀ-HAUT DANS L'HIMALAYA, DES TYPES VIVENT DES SIÈCLES. IL Y EN A UN, QUELQUE PART, QUI EST NÉ AVANT LE CHRIST ET QUI VIT ENCORE.

JOHN : On part tous en Inde pour quelques mois afin d’étudier dans les règles la méditation transcendantale. On veut l'étudier comme il faut afin de pouvoir la propager et vendre l'idée à tout le monde. C'est de cette manière que nous voulons désormais utiliser notre pouvoir (on a toujours prétendu qu'on était des guides pour la jeunesse) alors c’est une bonne façon de montrer le chemin.

Le monde entier saura ce que nous voulons dire, et tous ceux qui s'inquiètent pour la jeunesse à cause des drogues et de tout cet univers-là, tous ceux aux cheveux bien-dégagés-derrière-les-oreilles, peuvent venir et apprendre eux aussi.

Rien à voir avec le genre gospel, on chante tous ensemble en brandissant la bible, il n'est pas indispensable que la religion soit impliquée si les gens ne le veulent pas. Tout se passe dans l'esprit. Ça renforce la compréhension et ça rend les gens plus détendus. Ce n'est pas une vogue ou un gimmick, mais une manière d'apaiser les tensions.

PAUL : Quand 1968 est arrivé, je crois qu'on était spirituellement épuisés. On avait été les Beatles, ce qui était merveilleux. On avait tout fait pour que ça ne nous monte pas à la tête et on avait plutôt bien réussi - on n'était pas trop à côté de nos pompes, on n'avait pas trop la grosse tête - mais je pense que le sentiment général était : « Ouais, d'accord, c'est super d'être célèbres, c’est super d'être riches - mais pour quoi faire ? »

On se renseignait donc sur toutes sortes de choses, et comme George était branché sur la musique indienne, il était tout naturel de lui demander : Qu'est-ce que c'est que cette histoire de méditation ? Est-ce qu'ils invitent ? Ils peuvent vraiment voler ? Les charmeurs de serpents peuvent vraiment escalader leur corde ? » On voulait seulement se renseigner. Après avoir rencontré Maharishi et avoir réfléchi à tout ça, on est partis pour Rishikesh.

GEORGE : Chaque année, Maharishi donnait un cours aux Occidentaux qui voulaient devenir instructeurs de méditation transcendantale. Bien que mon intention n'ait pas été de devenir instructeur, je voulais aller là-bas et m'offrir une grosse dose de méditation.

John est venu, et Paul après lui, et Richard, suivi de quinze sherpas chargés de haricots en boîte Heinz. Il y avait aussi des journalistes du monde entier. Pour ne pas avoir à leur parler, j'ai fait semblant de dormir jusqu'à Delhi.

Ça faisait une longue route depuis l'aéroport jusqu'à Rishikesh. À cette époque, il n'y avait là-bas que des voitures des années 50 - des Morris Cowley ou des Morris Oxford - de sorte que le voyage durait quatre ou cinq heures.

Rishikesh est un endroit incroyable, situé à l'endroit où le Gange quitte Himalaya pour rejoindre les plaines situées entre les montagnes et Delhi. Le flot qui descend de l'Himalaya est très tumultueux, et pour traverser le fleuve on a dû emprunter un grand pont suspendu qui se balançait au-dessus de l'eau.

L'endroit où vivait Maharishi était perché sur une colline surplombant la ville et le fleuve. Sur un domaine d'environ trois ou quatre hectares, il comprenait le petit bungalow de Maharishi et de nombreux petits chalets qu'il avait fait construire à la hâte pour les Occidentaux qui venaient là. Il y avait une cuisine et, à l'extérieur, des chaises et des tables sur lesquelles on prenait le petit-déjeuner en commun. Non loin de là, un vaste espace couvert abritait une estrade où le maître donnait ses cours.

En Inde, il est impossible de porter de vêtements occidentaux. C'est une les choses formidables, là-bas — ces vêtements légers : de grandes chemises flottantes et des pantalons de pyjama. Ils ont aussi des pantalons collants qui ressemblent à ceux de notre jeunesse.

JOHN : S'il continue comme ça, George fera du tapis volant à quarante ans. Je suis ici pour découvrir quel genre de rôle je dois désormais jouer. Je voudrais aller aussi loin que possible. George a pris un peu d'avance sur nous.

RINGO : C'était super. On s'amusait bien et on méditait beaucoup c'était assez excitant. On était dans un lieu de haute spiritualité, on méditait et on assistait aux séminaires de Maharishi.

JOHN : On s'éloignait de tout. C'était une sorte de camp de vacances isolé au pied de l'Himalaya. On avait l'impression d'être dans la montagne. En fait on était au pied des collines qui surplombent le Gange. Les babouins venaient nous voler notre petit-déjeuner et tout le monde se baladait en tunique et s'asseyait dans sa chambre pour méditer des heures durant. Ça a été un sacré voyage.

Je suis resté à méditer dans une chambre pendant cinq jours, j'ai écrit des centaines de chansons.  Je ne pouvais pas dormir et j'avais des hallucinations, des rêves avec des odeurs. Je faisais quelques heures et puis je décollais, par séquences de trois ou quatre heures. Ce n'était qu'une manière d'y arriver on pouvait faire des « trips » étonnants.

RINGO : On prenait notre petit-déjeuner en plein air et les singes venaient nous voler du pain. Après le petit-déjeuner, on se livrait généralement à une méditation matinale en groupe, sur le toit. Et puis on recommençait après le déjeuner.

On a acheté plein de trucs. Comme on en fabriquait sur place, on s'était tous fait faire des vêtements indiens : d'énormes pantalons ridicules aux jambes très étroites et à la ceinture très haute, qu'on attachait serrée, les cols à la Nehru. On s'y est tout de suite mis.

Pour prendre un bain, il fallait se bagarrer avec les scorpions et les tarentules, et ça faisait des bruits bizarres dans la salle de bains. Avant d'entrer dans la baignoire il fallait hurler — « Bon, maintenant je crois bien que vais prendre un bain » - et taper du pied. Et dans la baignoire, on continuait à brailler : « Ah que c'est bon, c'est merveilleux ! » Et puis on sortait du bain, on se séchait et on quittait la pièce avant que tous les insectes reviennent. à l'époque, j'étais marié à Maureen qui avait la phobie des mites ci des trucs qui volaient. C'était plutôt loufoque.

The Beatles « The Beatles Anthology par les Beatles », SEUIL, Oct 2000, p. 281